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de Rose, qui leur semblait de la pure ingratitude à leur égard.

À vrai dire, cette dernière journée de campement fut loin d’être gaie pour personne.

Phœbé, désolée de priver sa petite maîtresse d’un plaisir pareil, n’avait pas son entrain ordinaire ; elle ne songeait qu’à détacher l’une des barques et à s’échapper, et il fallait constamment veiller sur elle pour l’empêcher de mettre son idée à exécution. Enfin, en l’absence de Rose, tous les jeux languissaient d’une façon étonnante, lorsqu’on réfléchit que, trois mois auparavant, les sept cousins n’éprouvaient nullement le besoin d’avoir « une petite fille. »

« En tout cas, s’écria Archie pendant le dîner, Rose ne pourra pas ne pas voir nos feux d’artifice.

— Qui sait ! dit Charlie, elle est dans le cas de se mettre dans la tête que c’est son devoir de s’enfermer dans un cabinet noir pour ne rien voir du tout.

— Qu’elle le veuille ou non, ajouta Stève, elle manquera le feu d’artifice que papa doit tirer sur la colline et qui sera invisible du manoir.

— Tout cela sera peut-être bien beau, murmura Phœbé, mais pour moi rien ne compensera l’absence de Mlle Rose.

— Patience ! interrompit l’oncle Alec, tout n’est pas encore dit. Tant que la nuit ne sera pas venue, je ne désespère pas ; mais si elle résiste à la première fusée, je lui décerne un brevet d’héroïsme. »

Pendant ce temps, la bonne petite Rose, qui avait pris sa tâche au sérieux, s’évertuait à faire l’ouvrage de