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comme une flèche et arriva en quelques secondes au bord de la mer.

Toute la portion de la grève qui s’étendait au bout du parc appartenait à la famille Campbell. Il y avait là un embarcadère auquel étaient attachés plusieurs bateaux. L’oncle Alec, debout dans une petite barque peinte en bleu, détachait la chaîne qui la retenait au rivage. La frêle embarcation dansait sur la mer comme une coquille de noix ; à cette vue, Rose se prit à trembler. Son oncle ne se doutait nullement de ses terreurs ; un hardi marin comme lui ne pouvait guère s’imaginer à quel point cet enfant était peureuse.

« Que dites-vous de mon bateau ? lui demanda-t-il.

— Il est très joli. Comment l’appelez-vous ?

— Son nom est écrit de ce côté.

— Ah ! la Belle-Rose.

— Oui, je l’ai nommé ainsi en votre honneur. Il est à vous maintenant. Je vous apprendrai à ramer quand vous serez plus forte ; aujourd’hui vous vous contenterez de manœuvrer le gouvernail.

— Je ne pourrai jamais.

— Je vous montrerai ; ce n’est pas bien difficile.

— Est-ce que les bateaux remuent toujours autant que cela ? demanda Rose, ôtant et remettant son chapeau pour retarder l’instant critique de l’embarquement.

— C’est bien autre chose quand la mer est mauvaise.

— Elle n’est pas mauvaise aujourd’hui ? fit la petite fille épouvantée.

— Non, elle est très douce. Il y a quelques nuages