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L’HÔPITAL NUMÉRO 1.

muffins pour son déjeuner, au lieu de la simple bouillie d’avoine qui constituait ordinairement son régime. Il oubliait volontairement sa douche quand le thermomètre était au-dessous de zéro, et il se bornait le soir à danser, quand le temps ne lui permettait pas la course hygiénique d’une heure qu’il s’imposait régulièrement.

Mais tout était bien changé. Il était prisonnier, il lui fallait subir toutes sortes de gâteries et de câlineries et se laisser aller à la mollesse et à l’oisiveté si antipathiques à son humeur. Le jour dont nous parlons, sa figure exprimait un mélange bizarre de tristesse et de contentement. Il examinait d’un œil pensif tout ce qui avait subitement enlevé à son domaine son caractère de simplicité et même de rudesse. C’était d’abord une chaise longue qu’on avait introduite dans sa chambre et sur laquelle Frank, pour le moment allongé, compulsait d’énormes volumes pour sa composition du lendemain : l’histoire de la machine à vapeur. Tout auprès se dressait une petite table sur laquelle Mme Minot avait étalé des friandises, de manière à induire en tentation les individus les moins enclins à la gourmandise. Des fleurs ornaient la cheminée, des livres amusants et des journaux illustrés étaient épars sur le lit où reposait Jack comme un guerrier blessé dans sa tente ; mais le plus triste pour notre pauvre infirme, c’était d’apercevoir, par une porte entr’ouverte, ses fouets, ses cannes, ses lignes, ses patins et ses haltères bien aimés qui étaient ignominieusement relégués dans un coin avec l’appareil à douches.

Jack allait pousser un gémissement lugubre quand ses yeux s’arrêtèrent sur sa mère assise sur une petite