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DEUX PÉNITENTS.

Pendant ce temps-là, l’autre mère, Mme Minot, était auprès de son petit garçon, non moins inquiète, mais plus calme, car elle savait mieux que personne supporter ses épreuves.

Jack avait la fièvre, il avait les yeux grands ouverts, les joues brûlantes et la tête en feu, et il ressentait de grandes douleurs dans sa jambe malade. La potion calmante qu’il avait prise n’avait pas encore produit son effet, et, pour occuper ses tristes heures, il n’avait d’autre ressource que d’écouter le bruit qui se faisait dans la maison.

On ne cessait de sonner et de frapper à la porte. En passant de bouche en bouche, l’accident avait pris des proportions formidables. À huit heures du soir, tout le village croyait Jack à l’article de la mort, et Jane très en danger, en quoi on ne se trompait guère, malheureusement. Il n’était donc pas étonnant que les camarades de classe et les voisins de Jack vinssent tout inquiets demander des nouvelles et offrir leur aide.

Frank commença par arrêter la sonnette et par mettre, à une fenêtre bien en vue, un écriteau ainsi conçu : Frappez à la porte de derrière. Après quoi il alla se reposer au salon avec son ami Gustave, pendant qu’Édouard jouait très doucement du piano pour endormir Jack. Quoiqu’il y eût une grande différence d’âge entre Édouard et Jack, et quoique le premier fut parmi « les grands, » il était toujours bon pour « les petits, » et en particulier pour Jack. Celui-ci, qui était très affectueux, n’avait jamais honte de montrer son amitié pour son grand ami, et on l’avait vu souvent, le bras passé autour d’Édouard, causer confidentiellement dans un coin de ce grand salon