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JACK ET JANE.

Le goûter fut très gai. On but à la santé de Ralph. On lui fit tant de souhaits, et on lui prédit tant de succès, que si tous s’étaient réalisés, il eût surpassé Michel-Ange.

Grif lui commanda sa statue de grandeur naturelle. Il se leva pour lui montrer la pose qu’il désirait prendre ; mais le pied lui manqua, il glissa, et tomba une main dans la tarte aux pommes de Merry, l’autre sur la théière, qui lui fit une forte brûlure. Il se releva au milieu d’un rire général.

« Je voudrais bien être à la place de Ralph, » dit Jack.

Chacun fut de son avis. La vue de Ralph leur faisait penser à tous que leur enfance se passait et que bientôt eux aussi, seraient d’âge à tenter la fortune.

« Il est aisé de savoir ce que l’on voudrait être, dit Édouard, mais beaucoup moins facile d’y arriver. Les événements sont souvent tels qu’on n’a qu’à s’y conformer.

— Non, dit Frank, pour arriver, il suffit seulement de le vouloir fermement. Il y a des obstacles dites-vous ? Eh bien, on les surmonte. Rien ne tient devant une volonté bien arrêtée.

— Alors, quel est votre but ?

— Je veux être ingénieur et je le serai.

— Et vous, Jack ?

— Oh ! moi, je ne sais pas encore. J’ai le temps d’y penser.

— Vous avez des années devant vous, dit Ralph. D’ici là, il se passera bien des choses.

— Il s’en passe tant dans une seule année, dit Merry d’une voix pensive.