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L’ÎLE VERTE.

causaient encore, malgré le départ de leur maîtresse.

« Autrefois, l’histoire ne m’intéressait pas, dit Molly, mais depuis qu’au lieu d’apprendre des dates et des faits, on me donne des détails et on me montre tous les endroits où se sont passés les événements dont on me parle, cela m’amuse plus qu’un roman.

— Je rêvais autrefois d’être une grande dame, d’avoir des robes de velours et des joyaux et de vivre dans un palais, dit Merry d’un air pensif. Mais je vois bien que les reines ne sont pas si heureuses que moi. Je ne désire plus rien de semblable. Il me suffit d’être aimée de ceux qui m’entourent et de penser que je leur rends la vie agréable.

— C’est sans doute le résultat de notre fameuse société, répondit Molly. Quant à moi, je déclare qu’elle m’a fait du bien. C’est une véritable transformation à la maison. Miss Bat devient de jour en jour plus aimable, et quand elle demande quelque chose à papa, savez-vous ce qu’il lui répond ? « Adressez-vous à miss Molly. » Quel changement hein !…

— Alors, dit Jane, vous êtes contente ?

— Oh oui, mais mon intention n’est pas de rester toujours ici. Aussitôt que Boo sera assez grand, nous prendrons notre volée, et nous ferons le tour du monde !… J’adore les voyages !…

— Moi, dit Jane, je voudrais devenir célèbre d’une manière quelconque ; je voudrais être admirée, avoir beaucoup de talents, en un mot, être une femme de génie… Il est probable que je ne serai rien de pareil, mais en tout cas, je ne serai pas infirme, et je me trouverai heureuse, quoi qu’il arrive.

— J’ai fini, fit Merry en pliant son ouvrage.