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UNE IMPRUDENCE.

« Tenez-vous bien. N’ayez pas peur ! Revenez-vite ! »

Cette recommandation était par trop risible. Malgré sa terreur, Jane partit d’un éclat de rire nerveux.

« Après quoi voulez-vous que je me tienne ? cria-t-elle à son tour. Il n’y a rien ! Et comment pourrais-je revenir sans rames ? Je ne sais que faire et je ne sais pas où je vais ! » continua-t-elle d’un ton de désolation.

Jack se débarrassa de l’étreinte de Hughes, et voyant qu’il n’y avait rien d’autre à faire que d’aller chercher du secours, il grimpa le long de la falaise comme un chasseur de chamois. Frank le suivit, mais auparavant il dit à Jane, en se faisant un porte-voix de ses deux mains :

« Ne craignez rien, Jane, il n’y a pas de danger. Nous allons nous mettre à votre recherche avec des bateaux. »

Le jeune Hughes, lui, s’assit avec calme et adressa de loin à la fugitive les conseils suivants :

« Serrez la voile !… Allez toujours ! Ne vous arrêtez pas à Halifax. Quand vous serez arrivée en Angleterre, vous ferez nos compliments à la reine Victoria !… Si vous avez besoin de provisions de bouche, vous trouverez une pomme et un morceau de sucre dans la poche de mon pardessus !… Bon voyage !… »

Bientôt le bruit des vagues couvrit le son de sa voix, et la barque, entraînée par le courant, fut séparée de Hughes par une pointe de rochers. La pauvre Jane était toute seule sur le perfide océan ! Elle tourna le dos à la pleine mer et regarda fixement la plage. Jamais elle ne lui avait paru si belle, si riante et si verte. La-haut, le long de la falaise, s’étendait la forêt de sapins où devaient être à ce moment les heureux promeneurs qu’elle connaissait.