points pour moi, car les yeux de miss Bat ne sont plus très bons. »
M. Bémis regarda ses manches de chemise frangées, d’un air de mécontentement.
« Je suis toute prête, s’écria Molly, ravie de pouvoir rendre service à son père. Merry m’a appris à raccommoder les gants. En avez-vous à me donner ?
— En voici une paire pour commencer, » dit M. Bémis en lui tendant des gants dont tous les bouts de doigts étaient décousus.
Molly les prit d’un air grave et enfila une aiguillée de soie.
« À quoi pensez-vous, Molly ? demanda son père en la voyant sourire.
— Je pensais à mes robes d’été. Il va être temps de s’en inquiéter, et je serais bien heureuse si vous me permettiez de les acheter avec Mme Grant.
— Miss Bat n’est-elle pas là pour y veiller ?
— Si, papa, mais elle choisit toujours de vilaines étoffes pas chères, et elle m’habille comme un petit singe. Elle n’a pas l’ombre de goût ! Je suis assez vieille pour choisir mes robes toute seule avec l’aide d’une grande personne, Merry le fait bien. Elle n’a que six mois de plus que moi !
— Quel âge avez-vous donc, Molly ?
— J’aurai quinze ans au mois d’août, répondit la petite fille en se redressant,
— C’est pourtant vrai !… Comme le temps passe !… Eh bien, si cela vous fait tant plaisir, je vous permets d’acheter tout ce que vous voudrez, à condition que vous serez raisonnable. Miss Bat ne s’en formalisera-t-elle pas ?