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JACK ET JANE.

croyait toujours endormi, et se mit à travailler. Elle avait un nœud rouge autour du cou, un autre retenait ses longs cheveux soigneusement nattés ; elle avait un col et des manches irréprochables, et sa robe usée était un peu cachée par un petit tablier de soie noire. On eût dit une vraie petite maîtresse de maison, à la voir ainsi devant son ouvrage. Il n’y avait rien de plus drôle que de voir l’air anxieux dont elle examinait chacun de ses points, et l’expression de soulagement qu’elle prenait quand sa boutonnière était finie.

Son père s’amusa longtemps à la regarder sans qu’elle s’en doutât.

« Vraiment, se dit-il, miss Bat a dû avoir de la peine à changer ma petite espiègle en une jeune fille raisonnable. Je lui en fais mon sincère compliment. »

Il bâilla, se leva et dit à Molly en allumant son cigare :

« Que faites-vous, Molly ? »

Molly leva la tête, toute surprise de le voir s’intéresser à ce qu’elle faisait.

« Ce sont des chemises pour Boo, répondit-elle avec un orgueil bien permis. Je lui en fais quatre, et j’en suis à la dernière.

— Cela vous amuse donc ? continua M. Bémis. Il me semblait que miss Bat s’occupait de tout cela.

— Non, papa, elle ne s’occupe que de vos affaires. C’est moi qui arrange les miennes et celles de Boo, et Mme Peck m’a dit que je ne m’en tirais pas trop mal.

— Vous avez bien raison d’apprendre, Molly, Toutes les femmes devraient savoir se passer de couturières et de lingères. Il vous faudra faire de temps à autre quelques