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JACK ET JANE

qu’elle s’est cassé le dos ; elle ne peut pas faire un mouvement, » déclara Molly Loo.

Cette nouvelle fut accueillie par un sanglot de Suzanne et par des hurlements de Boo qui avait, en toute occasion, le talent de pousser des cris formidables, sans toutefois verser jamais une larme.

« Tout cela est de ma faute, j’aurais dû avoir la raison de retenir Jane et de l’empêcher de faire une pareille imprudence, s’écria Jack d’une voix désolée.

— C’est de la mienne et non de la vôtre, répliqua Jane avec véhémence. C’est moi qui ai forcé Jack à faire cette folie, et, si j’avais tous les os brisés, ce serait bien fait. Ne m’aidez pas, laissez-moi, je suis une mauvaise petite fille et je mérite de rester ici et d’y mourir abandonnée ! »

La pauvre Jane trouvait de nombreuses sources de remords dans ses douleurs physiques et morales.

« Ne pensez pas à ceci. On vous fera des reproches plus tard. Avant tout il faut vous guérir, » dit Merry en l’embrassant.

La douce Merry adorait l’audacieuse petite Jane, et elle ne voulait jamais lui reconnaître aucun tort.

« Comment allons-nous faire pour les transporter ? » s’écria Frank en fronçant les sourcils.

— J’aperçois un traîneau. Il viendrait bien à point, » dit Gustave Burton qui examinait l’horizon depuis un moment. Il alla à grandes enjambées au-devant du secours entrevu. Ses longues jambes étaient toujours au service d’un bon cœur et d’une tête raisonnable.

Chacun poussa un soupir de soulagement quand Gustave revint suivi de M. Grant, le père de Merry. C’était