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JACK ET JANE.

sonne ne dit mot. Ralph dîna de grand appétit en regardant Merry, qui mangeait délicatement en face de lui. Il ne put s’empêcher de se dire qu’il n’avait jamais rien vu de si gracieux : et de si joli, que cette petite créature.

Après le souper, les jeunes gens se réunirent autour de la grande table, et les parents s’installèrent au coin du feu. Les premiers causaient, les autres écoutaient. Ce fut une agréable soirée pour tous. Mais M. et Mme Grant, en voyant Merry comme une petite reine au milieu de ses sujets, se dirent à demi-voix en souriant et en soupirant tout à la fois :

« Chère amie, j’ai peur qu’on nous l’enlève bientôt…

— Il n’y a pas encore de danger. Elle l’ignore. »

Neuf heures sonnèrent à la grande vieille horloge. Les trois frères allèrent faire leur tournée habituelle dans la ferme ; le fermier se leva pour remonter l’horloge, et la fermière pour voir quelque chose à la cuisine.

Ralph prit son chapeau et se disposa à partir aussi. Il se baissa pour voir de plus près l’abat-jour de la lampe que Merry avait recouvert de feuilles d’automne aux vives couleurs :

« Quelle belle lumière donne votre lampe, dit-il. Croiriez-vous qu’on la voit depuis le village ? On dirait un petit phare sur la colline. Elle me tient compagnie quand je rentre le soir.

— Tant mieux, dit Merry ; elle est très bonne, mais mes frères se sont assez moqués de sa forme. M’ont-ils taquinée aussi pour l’essai que vous voyez là-haut ! » ajouta-t-elle en riant.

Ralph leva la tête et aperçut une carotte creusée dans