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JACK ET JANE.

veilles, de statues et d’objets d’art !… Oh ! que vous êtes heureux ! »

Les yeux de Merry prirent le regard pensif qu’ils avaient toujours quand elle rêvait au monde inconnu où elle eût voulu vivre,

« Oui, je suis heureux, dit Ralph avec enthousiasme ; si heureux que j’ai peur que ce rêve ne se réalise jamais ; Si je vais en Italie, je vous écrirai pour vous raconter ce que je verrai de beau et comment je me tirerai d’affaire. Me le permettez-vous demanda-t-il timidement.

— Oh ! certainement, répondit l’innocente petite Merry, les yeux perdus dans les nuages. Ce sera ravissant d’avoir des descriptions de Paris et de Rome. Ce sera presque aussi amusant que d’y être moi-même.

— Voudrez-vous me répondre ?

— Je n’aurai rien d’intéressant à vous dire. Étant ici sans bouger, que pourrais-je vous raconter ?

— Vous me donnerez des nouvelles de grand’maman qui ne peut pas écrire ; vous me parlerez de toutes les personnes que nous connaissons, de vous-même enfin !…

— Oh ! moi, je ne fais rien d’amusant. Je vais en classe, je couds et je fais toutes sortes de petites corvées à la maison. Cela n’est intéressant pour personne.

— Vous vous trompez, répondit Ralph d’un ton de sympathie réelle. Je saurai m’y intéresser. Mais je ne pensais guère que vous eussiez des ennuis. La vie est si facile pour vous. Vous êtes parmi les heureux de ce monde. Vous avez beaucoup d’amis pour vous chérir et vous gâter, assez de richesse pour ne pas craindre l’avenir, et rien de bien difficile à faire. Vous appré-