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JACK ET JANE.

servir le dîner, elle arrangea chaque espèce autour du plat, et cacha le lard sous le chou. C’était très joli, et son père lui en fit compliment.

Après avoir rangé les verres et l’argenterie qu’elle nettoyait toujours elle-même, Merry se dit :

« Maintenant, je vais me reposer et finir Ivanhoë, et puis, quand j’aurai fait ma toilette, j’irai voir Molly et chercher des graines pour mon jardin. »

Mais sa mère y mit bon ordre.

« Si vous avez fini de raccommoder votre linge, lui dit-elle, il y a une pile de bas à visiter. Je vous apprendrai ensuite à raccommoder les nappes. Il ne faut pas laisser traîner l’ouvrage jusqu’au lundi. »

« Oui, mère, » répondit encore Merry malgré son désappointement.

Elle alla d’abord s’habiller. En entrant dans sa chambre, elle ne put s’empêcher de penser qu’après une grande semaine de travail, l’après-midi du samedi devrait bien être consacrée au plaisir.

Pendant qu’elle nattait ses longs cheveux bruns, elle leva machinalement les yeux vers la glace, La figure qu’elle y aperçut n’était rien moins qu’aimable et jolie. C’était si extraordinaire, qu’involontairement les sourcils froncés de Merry se remirent en place, ses yeux perdirent leur expression de lassitude et d’ennui, et ses lèvres boudeuses se mirent à sourire. Elle posa ses deux coudes sur la commode, leva le doigt vers la figure réfléchie dans la glace et dit en regardant le roman de Walter Scott, qui était là tout près :

Pourquoi cet air revêche, mademoiselle ? Vous vous enlaidissez à plaisir parce que vous ne pouvez pas vous