Page:Alcott - Jack et Jane.djvu/210

Cette page a été validée par deux contributeurs.
172
JACK ET JANE.

— Oui, monsieur.

— Était-ce Jerry Shannon ? »

Pas de réponse, mais instinctivement Jack ferma les poings en jetant un second regard de mépris à Joë.

M. Acton continua.

« On m’a dit que vous lui aviez parlé. On m’a dit aussi que vous étiez entré avec lui au café. Est-ce vrai ?

— Oui, monsieur, » dit Jack d’une voix faible.

M. Acton, semblait si sûr du contraire qu’il fallait à Jack un grand courage pour répondre.

À cet aveu, un frémissement général se fit entendre. Jerry Shannon était un assez mauvais sujet qu’aucun bon écolier ne fréquentait, et c’était un véritable déshonneur que d’avoir eu quelque chose à démêler avec lui.

« Avez-vous joué ? demanda M. Acton.

— Non, monsieur.

— Avez-vous bu ?

— Je ne bois jamais que de l’eau, répondit Jack en se redressant.

— Je m’en doutais. Mais alors qu’y faisiez-vous ? »

Cette question fut faite avec tant d’intérêt et de bienveillance, que Jack oublia un moment sa réserve et qu’il répondit vivement :

« Je le payais.

— Ah ! Combien ?

— Trois dollars, murmura Jack, tout rouge de dépit d’avoir si mal gardé son secret.

— C’est une dette beaucoup trop grosse pour un garçon comme vous, vis-à-vis d’un individu comme Jerry, dit M. Acton. Et à quel propos, s’il vous plaît ? »

Jack ouvrit la bouche, la referma aussitôt et baissa