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JACK ET JANE.

roi et la reine regardaient leurs sujets d’un air calme ; les dames d’honneur étaient tout étonnées ; le page s’avançait vers sa maîtresse ; le fou grimaçait ; les gardes souriaient, et la princesse tendait la main au prince Charmant pour le remercier d’être enfin venu la délivrer.

On fut obligé de relever trois fois de suite le rideau pour contenter le public.

Les scènes suivantes avaient été préparées à l’intention spéciale des Bébés. C’était la représentation des immortels contes de nourrice, les contes de ma Mère l’Oie. On voyait la vieille bonne femme elle-même représentée par Ralph, qui portait un jupon et un bonnet rouge et une grande béquille, et a ses côtés l’illustre volaille qui était une oie de carton gigantesque, dans l’intérieur de laquelle on avait mis Grif. Ce dernier prenait un plaisir extrême à battre des ailes et à agiter ses pattes jaunes et son long cou, en imitant le cri harmonieux de cet oiseau de basse-cour.

Les bébés, surpris, montèrent sur leurs chaises pour mieux les voir ; ils croyaient naïvement assister non pas à une comédie, mais à une scène réelle. Quand on eut fait passer devant leurs yeux les personnages les plus remarquables des contes, on exécuta sur la scène une danse générale dans laquelle la Mère l’Oie et son oiseau se faisaient vis-à-vis.

C’était si burlesque, que M. Burton en déchira ses gants à force d’applaudir et que les bébés crièrent de toutes leurs forces :

« Recommencez. Recommencez tout ! »

C’était impossible, car l’heure était déjà avancée. On