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JACK ET JANE.

Mme Minot à la mort de son fils. Sa connaissance des machines était très limitée, et l’espoir de voir revenir ses amis sans aucun mal ne lui était pas même venu à l’esprit.

Ce fut Mme Peck qui répondit au violent coup de sonnette de Joë.

« Frank est parti sur la machine no 11. Il va bien sûr être tué ! » cria Joë tout essoufflé.

D’une main Mme Peck lui ferma la bouche ; de l’autre elle le prit au collet et le poussa dans la salle à manger.

« Ne parlez pas si fort, lui dit-elle de manière à lui imposer silence. Qu’est-il arrivé ? »

Elle ajouta quand il eut fini :

« Courez vite voir ce qu’ils sont devenus. Vous me rapporterez les nouvelles à moi seule. Je ne veux pour rien au monde que vous effrayiez sa mère.

— Oh ! je n’ose pas, répondit Joë avec terreur. C’est moi qui leur ai ouvert l’aiguille quand ils me l’ont dit. Bill me tuerait, bien sûr ! »

Joë voyait déjà les deux enfants tués, et plusieurs trains déraillés grâce à lui.

« Alors, allez où vous voudrez, lui dit Mme Peck, mais ne dites pas un mot de tout cela à personne. Je n’admets pas qu’on vienne raconter des histoires pareilles à Mme Minot. »

Joë partit comme une flèche.

Mme Peck resta devant la porte, la figure contractée par l’inquiétude. Enfin elle vit venir Frank, qui avait un air extraordinairement sérieux et tendait vers elle ses mains non moins extraordinairement noircies par du charbon.