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JACK ET JANE

toujours un violent exercice, et les personnes qui passaient sur la route au bas de la colline, ne pouvaient s’empêcher de lever la tête et de sourire à la vue de cette joyeuse troupe aux joues roses, qui remplissait l’air d’éclats de rire et de cris de triomphe.

« Jack, prenons donc la troisième glissade. Joë s’est permis de dire très haut tout à l’heure que je n’oserais y aller et je veux y passer, dit Jane à son compagnon, pendant qu’ils reprenaient haleine après avoir grimpé au sommet de la colline.

— Ce que Joë a dit n’est pas une bien bonne raison pour nous de faire une sottise, répondit Jack ; la neige est déjà salie, et cette troisième glissade se termine trop brusquement contre la barrière. C’est une vraie montagne russe, elle est rapide et dangereuse et n’est pas la moitié aussi agréable que les deux autres. Prenez vite votre place et nous ferons le grand tour sur la mare, cela vaudra mieux, dit Jack d’un air si persuasif qu’il aurait réduit à l’obéissance tout autre que l’opiniâtre petite Jane.

— Tout cela peut être vrai, répliqua-t-elle, mais je ne veux pas que personne puisse jamais dire que je n’ai pas osé quelque chose. Ainsi, si vous avez peur, Jack, j’irai seule ! »

Avant qu’il eût pu répondre un seul mot, elle lui avait arraché la corde des mains, s’était jetée sur le traîneau et s’était déjà engagée, sans tenir compte du danger, sur la terrible glissade. Mais elle n’alla pas loin. Elle était partie trop précipitamment, elle guidait mal son traîneau, et elle n’était pas arrivée au milieu qu’elle était par terre. Ce beau résultat obtenu, elle resta étendue