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LE CLUB DRAMATIQUE.

« Quelles sont donc les graves pensées qui vous préoccupent ainsi ?

— Je me demande si je ne ferais pas mieux de ne pas retourner tout de suite en classe, » répondit Jack d’une voix un peu indécise. Il lui en coûtait fort de renoncer à ce plaisir tant désiré.

« Pourquoi ne pas profiter de la permission du docteur ? » s’écria sa mère étonnée.

Jack lui désigna du doigt le paravent, fit une mine longue d’une aune pour lui faire remarquer le chagrin de Jane et dit gaiement tout haut :

« Je crois que ce serait plus prudent. Le docteur me l’a permis parce que je l’ai trop tourmenté ; mais, si je sortais, je serais sûr de me faire du mal. Alors, tout le monde me répéterait : Je vous l’avais bien dit, et je ne vois rien de plus agaçant ! J’aime mieux attendre encore une huitaine de jours. N’ai-je pas raison, ma mère ? »

Mme Minot lui sourit d’un air d’approbation et lui répondit seulement :

« Vous êtes complètement libre. Je suis toujours heureuse de vous voir à mes côtés, vous le savez bien.

— Dites donc, Jane, cria Jack en riant sous cape, cela vous gênerait-il beaucoup si je restais jusqu’au 1er février ?

— Pas trop, répondit vivement une petite voix heureuse, pas du tout. »

Et quoique Jack ne vît pas les yeux noirs de son amie, il savait qu’ils rayonnaient de bonheur.

« Eh bien, je reste, c’est décidé. Maman, je me mettrai à piocher mon latin aussitôt que vous aurez fini. »

Mme Minot lui rendit ses livres en l’embrassant plus