Page:Alcott - Jack et Jane.djvu/157

Cette page a été validée par deux contributeurs.
127
LE CLUB DRAMATIQUE.

Depuis ce moment, Jane fit appel à tout son courage pour supporter patiemment ses deux heures de planche. Elle découvrit qu’elle pouvait jouer de la guitare dans cette position incommode, et, tous les jours à la même heure, sa jolie musique résonnait dans la maison. Chacun l’écoutait avec plaisir. Il n’était pas jusqu’à la vieille négresse qui ne laissât la porte de sa cuisine ouverte pour n’en rien perdre, et qui ne répétât à tout venant :

« La pauvre mignonne est-elle assez gentille de chanter comme cela sur cette vilaine planche ! C’est une vraie petite sainte. Puisse-t-elle être bientôt guérie ! »

Tous les enfants voulaient lui prouver combien ils admiraient sa patience. Frank avait mille attentions pour elle. Édouard laissait là ses jeux et ses amis pour venir lui apprendre de nouveaux airs. Ralph lui demanda la permission de venir faire à côté d’elle ses travaux de sculpture. Il venait tous les jours sous ce prétexte, et, lorsqu’elle avait épuisé tout son répertoire ou qu’elle était fatiguée de tenir sa guitare, il lui racontait toutes sortes de choses amusantes et lui apprenait à modeler dans de la terre glaise des oiseaux et des animaux de toute espèce.

Ses compagnes étaient pleines d’attentions pour elle. Merry et Molly lui apportaient sans cesse quelque nouvel objet. Afin que Jane pût se distraire sans avoir la peine de tenir un livre, elles piquaient tous les matins de nouvelles images sur la toile du paravent qui la préservait des courants d’air ; l’un des feuillets du paravent, celui qui était le plus près de ses yeux, était réservé pour des fleurs et des animaux, et même des énigmes, des cha-