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LE CLUB DES DÉBATS.

dites qu’elles sont aussi intelligentes que nous ? Cela n’est pas prouvé du tout. Voyez combien il y en a qui pleurent pour apprendre leurs leçons, qui ont des maux de tête après le moindre travail, et qui crient tout le temps de la récréation, qu’on leur a fait « des injustices !… » Non, messieurs, les filles ne sont pas faites pour apprendre grand’chose, et, quand même elles voudraient nous imiter, elles ne le pourraient pas. Moi je n’ai pas de sœur, mais je ne le regrette nullement, car, si j’en juge par ceux qui en ont, elles ne servent à rien du tout. »

Telle fut l’aimable péroraison de Joë. À cette allusion délicate, Édouard et Gustave poussèrent un grognement.

Joë s’assit en haussant les épaules. Grif alors se leva d’un bond. Le grand bonheur de ce garçon était de faire des niches à tout le monde. Cette manie faisait de lui le cauchemar des petites filles ; mais, à cela près, il n’était pas méchant.

« Monsieur le président, dit-il, ma manière de voir, la voici : Les filles n’ont pas la force suffisante pour aller au collège avec nous. Comment voudriez-vous qu’elles puissent jamais prendre part à des régates ou à de vraies parties de plaisir ? Elles sont gentilles dans leur intérieur et en soirées ou dans des pique-nique, j’en conviens ; mais autrement je n’en donnerais pas ça. »

Grif fit claquer son ongle contre ses dents, et s’arrêta pour retrouver sa respiration. Il était évident qu’il considérait la vie de collège au seul point de vue des récréations. Il reprit :

« J’en ai fait l’expérience. Tout les met en l’air. Elles ne peuvent rien supporter. Si vous leur dites qu’il y a