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JACK ET JANE.

Quelle terrible soirée pour le pauvre Boo ! On l’arracha à ses jeux une heure plus tôt que de coutume ; on le mit dans l’eau de vive force, et il fut vigoureusement frotté, savonné, lavé et essuyé, malgré des cris perçants qui amenèrent miss Bat à son secours.

La vieille fille trouva la porte fermée.

Elle gémit de loin avec la victime, gronda le tyran par le trou de la serrure et prédit une attaque de croup.

« Il grogne toujours quand on le lave, lui cria Molly par l’autre côté du trou de la serrure ; mais, puisque vous ne vous décidez pas à le tenir convenablement, je m’en chargerai, et il faudra bien qu’il s’y habitue. Je ne veux pas entendre dire autour de moi qu’il est abandonné. »

De grosses larmes tombèrent des yeux de Molly dans la baignoire. Cette corvée lui était aussi pénible qu’à Boo, mais elle voulait aller jusqu’au bout coûte que coûte.

Quand l’opération du lavage fut terminée, Molly entreprit celle non moins longue et non moins difficile du démêlage des boucles rebelles de Boo. Cela réussit mieux, grâce à des bonbons et à des histoires à l’infini. Enfin, elle lui mit la robe de nuit à laquelle elle avait recousu tous les boutons partis, et le déposa dans son berceau, exténué, mais frais comme une rose de mai.

Molly, très fatiguée elle-même de sa journée, ne tarda pas à se coucher. Elle croyait ses peines finies ; mais, au milieu de la nuit, elle fut réveillée en sursaut par des accès de toux. Elle courut au berceau de Boo, et de là dans la chambre de miss Bat pour chercher du secours.

« J’en étais sûre ! s’écria celle-ci. Apportez-moi votre frère et ne vous désolez pas comme ça. Ce ne sera rien,