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JACK ET JANE.

La vieille fille lui donna les objets demandés, puis rajusta ses lunettes sur son nez et examina Molly des pieds à la tête. Quel spectacle extraordinaire ! Molly avait un tablier blanc, et ses longs cheveux étaient nattés au lieu de flotter en désordre sur ses épaules.

« Hem ! » fit miss Bat sans autre conversation.

Molly, tout heureuse de voir cette stupéfaction, se mit à l’ouvrage en riant. Une heure après, il y avait de nombreux changements dans la demeure des Siamois : la table était débarrassée, la cheminée balayée et essuyée, et les déchirures du sofa relevées avec des épingles, en attendant qu’on eut le temps de les raccommoder d’une manière moins sommaire. Je ne dis pas qu’il n’y eût pas encore des miettes de pain dans quelques coins, ni un peu de cendres autour du poêle et de la poussière sur certains bâtons de chaises ; mais il ne faut pas trop exiger des commençants, et Molly avait fait de son mieux.

Ravie de son œuvre, et toute prête à continuer aussitôt qu’elle aurait décide par quel bout commencer, Molly s’assit pour mieux réfléchir à ce qui lui restait à faire, La vue de Boo lui fit pousser un gémissement lugubre.

« Que de peines il va me donner ! pensa-t-elle. Il s’amuse trop bien pour le déranger en ce moment. Je vais commencer par ranger ma chambre, et après je chercherai pour Boo des habits propres. »

Mais elle fut si découragée de trouver le feu de sa chambre éteint, qu’elle s’accorda encore quelques instants de repos. Elle se pelotonna toute frissonnante dans un manteau et se mit à lire un des livres qu’elle avait