repas et veillé à ce que le feu ne prît pas à la maison. Elle soignait les enfants lorsqu’ils étaient malades, mais elle ne s’en inquiétait pas autrement.
Mme Bemis étant morte peu après la naissance de Boo, le frère et la sœur avaient toujours été privés des soins et des caresses d’une mère. Cependant Molly avait eu une enfance très heureuse ; elle avait pleinement joui de sa liberté, et Boo et ses animaux favoris avaient suffi jusque-là à son bonheur.
Mais depuis quelque temps, elle commençait à s’apercevoir de ce qui lui manquait et à en souffrir.
« Papa est trop occupé, se disait-elle souvent, mais miss Bat devrait avoir plus de soin. Elle est payée pour cela, et Dieu sait qu’elle n’a pas trop d’ouvrage ; mais si je lui demande la moindre des choses, elle gronde et me répond que la jeunesse doit apprendre à se servir elle-même. Ce n’est pourtant pas ce qu’elle fait pour papa qui lui prend bien du temps !… J’ai beau soigner Boo autant que possible, je ne peux pas laver ses affaires et je n’ai rien de propre à lui mettre ! Je me plaindrais bien à papa, mais à quoi cela servirait-il ? Il me répondrait : « Oui, mon enfant, oui, je m’en occuperai, » et il n’en ferait ni plus ni moins. »
C’est ainsi que se lamentait Molly quand elle avait quelque nouveau sujet de chagrin. Si ses amies n’étaient pas là pour écouter ses doléances et la consoler, elle se réfugiait dans le hangar, appelait, ses neuf chats, s’installait dans un grand panier à vanner le blé, se voilait la figure de ses cheveux et se livrait toute seule à son chagrin.
Les chats de Molly avaient vite appris à connaître