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LA MISSION DE JANE.

Mme Minot fit à son fils un petit sermon parsemé de récits de malheurs arrivés par la faute des enfants colères, et entrecoupé de baisers destinés à en atténuer un peu la sévérité.

Cela lui prit naturellement un certain temps. Que devenait Jane pendant ce temps-là ?

Elle constatait avec complaisance la supériorité de son propre caractère. Mais, hélas ! au moment même où elle se glorifiait ainsi, elle tomba de la manière la plus déplorable.

Voici comment : en cherchant de quoi s’occuper, elle aperçut une feuille de papier à lettre sur le tapis. C’était justement hors de sa portée. Elle regarda d’abord ce papier aussi machinalement qu’un des timbres de Jack, qui était à côté mais un peu plus près d’elle. L’idée lui vint tout à coup que c’était la composition de Frank, ou, ce qui valait mieux encore, une lettre de lui à un de ses amis.

« Que cela me ferait plaisir de la confisquer, pensa-t-elle, je ne la lui rendrais qu’en échange des timbres, de Jack. »

Elle oublia sa promesse de ne pas bouger ; elle oublia aussi comme c’est mal de lire les lettres qui m nous sont pas adressées, et elle ne pensa plus qu’à s’emparer du fameux papier.

Elle saisit le crochet de fer de Jack et voulut s’en servir ; mais elle n’y était pas habituée, c’était trop lourd pour elle, et elle ne voulait pas froisser le papier.

Elle s’impatienta, se pencha un peu plus, perdit l’équilibre et tomba.

« Oh ! mon dos ! » s’écria-t-elle en ressentant subitement une douleur aiguë dans tout le corps.