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LES SURPRISES.

friandises, après quoi ils jouèrent à différents jeux. On ne dansa pas à cause des invalides, et on se sépara à neuf heures après des poignées de main et des bonsoirs sans fin.

Jack fut emporté dans sa chambre si précipitamment qu’il eut à peine le temps de crier : « Bonne nuit ! » à Jane, et, cinq minutes après, celle-ci se trouvait couchée dans le grand lit blanc qui allait être son lit dans sa nouvelle chambre.

La maison semblait devenue muette. On entendait à peine un léger pas dans le corridor, un murmure indistinct de voix d’enfants, et, au loin, le tintement des clochettes des traîneaux qui emmenaient les invités.

Jane, trop agitée pour penser à dormir, rêvait aux plaisirs qu’elle avait eus. Sa mère était partie emportant la lumière, mais, par la porte entrouverte, la petite fille pouvait voir la jolie chambre des oiseaux à demi éclairée par la bûche de Noël. Ses yeux restèrent longtemps fixés sur les fleurs, sur l’arbre abandonné.

Cela lui rappela les résolutions qu’elle avait prises alors, et la rapidité avec laquelle elle les avait oubliées.

Des larmes de regret jaillirent de ses yeux.

« Je croyais que je ne pourrais jamais être méchante dans cette jolie chambre, pensa-t-elle. Et voilà que j’ai été maussade et ingrate, après tout ce qu’on a fait pour maman et pour moi. Ce pauvre Jack a eu encore plus de mal que moi, et son mal il l’a eu par ma faute. Voilà qui gâte ma journée. »

Un grand sanglot l’empêcha de continuer.

Tout à coup une porte s’ouvrit, et un nouveau mystère vint faire diversion à son chagrin. C’était Frank qui entrait avec précaution et qui installait quelque chose