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DE LA STATUE

ment considérée, examinée, et ne se soit rendue familière. Ainsi, par exemple, quel est celui qui oserait se dire constructeur de navires, s’il ne savait quelles en sont les parties, en quoi elles diffèrent les unes des autres, et quels sont les détails qui appartiennent à celles-ci ou à celles-là ? Et quel serait celui de nos sculpteurs, si avisé et si habile fût-il, qui, s’il lui était demandé : Pour quelle raison as-tu fait ce membre de cette façon ? ou bien : Quelle proportion existe-t-il entre celui-ci ou celui-là ? ou bien encore : Quel est le rapport de ce membre avec la longueur totale du corps ? quel serait, dis-Je, le sculpteur, pour si soigneux et si diligent qu’on le tînt, qui aurait considéré et remarqué tout cela autant qu’il le faut, ou seulement autant qu’il est raisonnable et qu’on doit s’y attendre de la part d’un homme bien entendu dans la pratique d’un art qu’il professe ?

Les arts s’apprennent surtout en suivant la raison, la règle et la voie qui conviennent ; et jamais personne ne pourra venir à bout d’un art quelconque s’il n’en a d’abord bien appris les parties.

Nous avons parlé de la mesure et de la manière de la bien prendre avec le module et l’équerre. Il nous reste à parler de la détermination des limites, qui consiste à tirer toutes les lignes et à les développer, à arrêter les angles, les creux et les reliefs, en les colloquant là où il faut, avec une méthode sûre et certaine. Cette détermination sera complète si, avec un fil à plomb partant d’un certain centre placé au milieu de la figure, on en prend et on en