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LEON-BATTISTA ALBERTI.

montagne sous la conduite de leur hôte, le supérieur Mariotto, sans doute le successeur d’Ambrosio Traversari, l’illustre helléniste qui servit d’interprète entre les Italiens et les Grecs au concile de Florence.

Tout en gagnant les cellules, ils se réjouissent de la venue de leur Battista : « Car cet homme », ainsi s’exprime Landini, « de tous ceux que plusieurs siècles avaient produits, était le plus comblé de savoir et d’esprit. Que dire de sa connaissance des lettres, lorsqu’il n’y avait rien au monde qui fût possible d’être su par l’homme en quoi il ne fût versé en toute science et prudence ? »

Le lendemain, parcourant la montagne, ils s’arrêtent dans une prairie arrosée d’un ruisseau, à l’ombre d’un vaste platane. Là, ces platoniciens de la Renaissance renouvellent la scène du Phèdre de Platon. Alberti, nouveau Socrate, ayant pour interlocuteur le jeune Laurent de Medici, suspend à ses paroles sur la vie contemplative et la vie active l’attention charmée de ses doctes amis.

Cette fête intellectuelle dura quatre jours. Alberti y traita du souverain bien et des allégories de Virgile ; dans lesquelles il découvrit en les expliquant, cachés sous des mythes, tous les secrets de la haute philosophie du poëte ; cela, dit Landini, memoriter,