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PROLOGUE.

Oh ! l’outrecuidante et vaine opinion que celle de croire qu’on se puisse passer de maîtres ! Nature n’a pas permis que quelque chose procédât de rien. C’est ce qu’exprime avec force l’ex nihilo nihil fit des anciens cabbalistes. Bon gré mal gré il faut se l’attacher à une école, à un enseignement. L’originalité propre n’en saurait être amoindrie. Mille flambeaux se peuvent allumer à un même foyer. Il est un fond commun de hautes traditions, patrimoine et héritage de tous, source vive de nobles doctrines où se déversent les affluents des principes conquis par les bons maîtres ; les zélateurs de l’art s’y peuvent abreuver tout en conservant leur personnalité bien tranchée ; c’est ainsi que des oiseaux de plumes diverses se désaltèrent dans une même coupe et s’envolent après par tous les coins du ciel.

Continuer des traditions, c’est le seul moyen de marcher droit. Il faut que l’art soit une chaîne ; c’est quand elle se brise qu’il y a décadence. Toute renaissance consiste à rattacher un anneau original à ceux qui pendent du passé. C’est ce qui rend si grand et si fécond le renouveau du XVe siècle.

Le travail énergique, patient, comme celui de la petite abeille à laquelle nous renvoie Salomon ; la diligence, ce désir efficace de faire quelque chose pour en voir la fin ; l’étude tenace, appliquée.