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PROLOGUE.

tie gauche une côte de moins que sa compagne. Esprit entièrement du moyen âge y c’est au nom de la Sainte-Trinité qu’il nous apprend à faire la colle de pâte. Alberti appartient à la Renaissance féconde et païenne. La Vierge, saint Eustache, saint Jean-Baptiste, saint Antoine de Padoue, et généralement tous les saints et saintes de Dieu, n’ont que voir dans son enseignement. Le livre de Cennino Cennini diffère peu de celui du moine Théophile, qui lui est antérieur de deux siècles ; le traité d’Alberti est tout proche parent de celui de Léonard de Vinci, qu’il précède de cinquante ans. Il est on ne peut plus concis. Qui le connaît ? qui l’a lu ? Et, cependant, il inaugure l’ère de la vraie science graphique. Premier écho d’une méthode scientifique, il écrit sur la stèle académique ce mot sage que Platon affichait sur son école : « Qu’il n’entre pas ici, celui qui n’est géomètre. »

De nos jours, où l’on traite des arts avec tant de facilité et souvent si peu de notions, il est juste et salutaire de donner au public les écrits des bons maîtres qui tracèrent la théorie des arts plastiques. C’étaient de grands artistes. Laissez-moi croire que cela leur conférait quelque autorité. Ils n’en abusaient pas pour être incompréhensibles et prolixes, mais ils attachaient une importance capitale