Page:Alberti- De la statue et de la peinture, 1868.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.

8
PROLOGUE.

naissait le Vinci. Il était mort, lorsque ce dernier quitta la Toscane. De ces circonstances ressort une partie de l’intérêt qui s’attache à ce livre. Le plus grand des artistes florentins et peut-être de tous les artistes, Léonard, a mis toute la peinture en quelques pages parvenues mutilées jusqu’à nous. On n’a pas, c’est un grand malheur, le traité qu’en fit, dit-on, Raphaël, et qui ne devait pas être plus volumineux. Celui d’Alberti, antérieur de beaucoup à ceux de ces hommes divins, peut passer pour en être le père. Il est presque le contemporain de celui de Cennino-Cennini, qui, on le sait y écrivit son livre curieux et naïf dans la prison delle Stinche en l’année 1437. Alberti approchait alors de l’âge sérieux de quarante ans. Il était en pleine maturité. Il habitait la même ville que l’élève d’Agnolo de Florence. Cependant quelle distance entre son savoir et celui de son compatriote ! Cennino da Colle di Valdelsa est encore un primitif. Il ne s’est pas dégagé de la raideur byzantine et des traditions hiératiques. En perspective, c’est un pur enfant, il bat les lignes sans préoccupation mathématique et coule dans un moule commun la configuration des fabriques. En dessin, il entend que la femme et les animaux déraisonnables n’aient pas de mesures certaines. En anatomie, il veut que l’homme compte dans la par-