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DE LA PEINTURE

effet, ces rayons, tirés naturellement avec une subtilité admirable qui leur est propre, se réunissent très-rapidement, pénètrent l’air et les autres milieux diaphanes, pourvu qu’ils soient éclairés, jusqu’à ce qu’ils rencontrent un corps dense non complétement obscur, dans lequel, venant à s’assembler en pointe, ils se ferment subitement. Mais ce ne fut pas une mince discussion entre les anciens, pour savoir si ces rayons émanaient des superficies ou de l’œil. Cette question, bien difficile à résoudre, ne nous est pas nécessaire, aussi la laisserons-nous de côté. Qu’il nous soit donc permis d’imaginer que ces rayons, comme des fils très-fins liés à un bout et réunis très-droits en un faisceau, pénètrent à la fois dans l’intérieur de l’œil, siége du sens de la vue, où ils forment à peu près un tronçon de rayons, et que, s’en échappant, tirés en longueur ainsi que des verges très-droites, ils vont se répandre sur la superficie qu’ils rencontrent.

Mais entre tous ces rayons il y a des différences que j’estime indispensable de connaître. Ils diffèrent, en effet, de puissance et d’office. Les uns, saisissant les contours