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LES SECTIONS

1 300 hommes casernés à Rueil et à Courbevoie. Le roi, qui voyait dans les Suisses sa suprême ressource, fit un effort considérable pour les conserver. Le colonel des Suisses d’Affry invoqua les capitulations pour refuser d’envoyer son régiment au front. Il envisagea pourtant la possibilité d’y envoyer deux bataillons sur trois. Prenant d’Affry au mot, l’Assemblée vota, le 17 juillet, un nouveau décret qui ordonnait le départ de Paris de ces deux bataillons. Le ministre de la Guerre commença par faire le mort. Nouveau décret le 20 juillet pour lui ordonner de rendre compte. Il continue à se taire. L’Assemblée lui réitère son invitation le 1er août. Alors d’Abancourt se résigne à donner quelques explications confuses. Le roi, dit-il, avait d’abord décidé d’envoyer les deux bataillons à Cambrai à l’exception d’un détachement de 300 hommes chargés de protéger les arrivages à destination de Paris. Mais le colonel d’Affry s’était de nouveau opposé au départ des bataillons pour Cambrai. La diète helvétique lui avait ordonné de ne pas séparer les bataillons d’un même régiment. En conséquence, le départ des Suisses avait été suspendu. En vain Thuriot, Lasource, Guadet voulurent faire maintenir l’ordre de départ. L’Assemblée se laissa impressionner par la crainte de déplaire au corps helvétique et l’affaire fut renvoyée au Comité diplomatique qui l’enterra. Louis XVI garda sa fidèle garde suisse.

Il croyait pouvoir compter sur le commandant de la garde nationale, le royaliste Mandat de Grancey, ancien capitaine aux gardes françaises. Mais les lois soumettaient la garde nationale à l’autorité directe et exclusive du maire qui seul la mettait en mouvement. Petion, très ombrageux, avait déjà blâmé les initiatives de Mandat