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LES SECTIONS

constituait une donation en faveur de sa mère, le 6 août, et d’où il ne revenait à Paris que le 9 août au soir. Toute la bande dont Danton était le chef se précipitait à la curée. Fabre d’Églantine offrait à Dubouchage d’acheter les canonniers de Paris, dont l’esprit révolutionnaire alarmait la Cour. Il demandait 3 millions. Westermann déposera devant le Comité de Süreté générale de la Convention qu’on lui avait offert 3 millions quelques jours avant le 10 août et qu’il en avait donné avis à Danton. Camille Desmoulins se vantera, dans Le Vieux Cordelier, d’avoir refusé les offres tentantes qui lui furent faites : « On marchanda jusqu’à mon silence et fort chèrement. » Soulavie accusera Brissot de s’être laissé acheter par Chambonas pour ajourner la déchéance. Chambonas essaya d’acheter Soulavie lui-même au moyen d’une mission auprès de Catherine II. Barbaroux raconte que son compatriote Lieutaud, ancien agent de Mirabeau devenu l’agent de la Cour, lui écrivit trois billets pour lui demander un rendez-vous. On avait songé à lui offrir un million. Fournier l’Américain prétend qu’il reçut la visite du duc de Brissac qui lui offrit de terminer son procès à Saint-Domingue, de le nommer colonel et même gouverneur d’une colonie. Qu’il y ait eu de l’argent versé, ce ne sont pas seulement les pièces trouvées chez Laporte d’abord, dans l’armoire de fer ensuite, qui l’attestent, mais l’ambassadeur américain Morris, qui prit part personnellement aux distributions d’argent, le confirme. Il déclare que Terrier lui remit 547 000 livres à la fin de juillet et 449 750 livres le 2 août, particulièrement pour acheter les Marseillais.

S’il est vrai, comme l’assure Lafayette, que la reine avait mis quelque espérance dans ces moyens de cor-