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LE DIX AOÛT

mier général Lavoisier, mais le désaveu fut à son tour désavoué les jours suivants par une délibération rédigée par un commis au Mont-de-Piété, Concedieu.

Une des sections du centre de Paris, la section Mau- conseil, celle de Sergent, décida, le 31 juillet, de résoudre la question de la déchéance pour son propre compte. Elle déclara qu’elle ne reconnaissait plus Louis XVI pour roi des Français et elle supprima son nom de la formule du serment. Son exemple fut imité non seulement par d’autres sections mais par de simples citoyens, tel l’abbé Danjou qui, nommé président de la section des Arcis, refusa, le 6 août, de prêter serment au roi.

En vain les chefs girondins voulurent arrêter un mouvement qui devenait irrésistible. Avec une hâte qui n’était pas dans ses habitudes, Vergniaud fit casser l’arrêté de Mauconseil, le jour même qu’il fut présenté à l’Assemblée, le 4 août. Le Département se hâta d’envoyer le décret d’annulation à Petion en lui demandant de le faire publier à son de trompes. Le corps municipal s’y refusa. Mauconseil et les sections qui lui avaient envoyé leur adhésion présentèrent le lendemain une nouvelle pétition conçue exactement dans les mêmes termes que la délibération qui avait été annulée. Un jeune agitateur du nom de Varlet recueillit au Champ de Mars un grand nombre de signatures pour une pétition aussi radicale qui exprimait, en outre, les besoins des Sans-Culottes en réclamant la suppression du commerce de l’argent et une loi contre l’accaparement.

Le mouvement pour la déchéance emportait tout.

La Cour, à son agonie, persistait plus que jamais à ne compter que sur la prompte arrivée des troupes de Brunswick. Le roi, comme engourdi par cette unique