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LES SECTIONS

originale et encore moins une action de classe. Ils sont bons pour payer de leur vie la politique des meneurs qui les conduisent. Mais ils ne sont pas encore admis à prendre eux-mêmes les résolutions. Ils en seraient incapables. Nous connaissons les professions de 206 membres de la Commune révolutionnaire que les sections éliront au moment du combat. On y rencontre tout juste 2 ouvriers authentiques.

Si donc le peuple des travailleurs fut un appoint décisif dans le combat que se livrait la bourgeoisie divisée contre elle-même, ne nous pressons pas de proclamer qu’une nouvelle classe paraissait à la vie politique.

Grâce à l’appoint populaire, la lutte engagée dans chaque section devait tourner à la confusion des royalistes. Dès le 1er août, dans une lettre à Jefferson, l’ambassadeur américain Gouverneur Morris constatait que la popularité de Lafayette était au plus bas : « Je crois, en vérité, que si M. de Lafayette se montrait en ce moment à Paris sans être accompagné de son armée, il serait écharpé. » Et, dans sa lettre suivante du 18 août, l’ambassadeur, en regard des divisions et des hésitations des royalistes, vantait, comme Chaumette, l’union, la décision et le concert des révolutionnaires.

On distinguait dans le vocabulaire politique de l’époque la Commune, qui était l’ensemble des habitants, et la municipalité qui les administrait. Il suffisait à Paris que 8 sections en fissent la demande à la municipalité pour que celle-ci fût obligée de convoquer la Commune, c’est-à-dire les 48 autres qui délibéraient et envoyaient des commissaires à l’Hôtel de Ville. Or, dès le 6 juillet, la municipalité fut obligée de convoquer la Commune dans ses sections pour le