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LE DIX AOÛT

passifs, füt admise à voter dans la grande consultation qu’il souhaitait : « Par cette seule disposition, disait-il, vous soutenez, vous ranimez le patriotisme et l’énergie du peuple, vous multipliez à l’infini les ressources de la Patrie, vous anéantissez l’influence de l’aristocratie et de l’intrigue et vous préparez une véritable Convention nationale, la seule légitime, la seule complète que la France ait jamais vue. » C’est ce puissant discours de Robespierre qui donna aux futurs insurgés le programme qu’ils cherchaient. Avec une grande habileté, Robespierre avait écarté tout ce qui aurait pu les diviser, par exemple les questions dynastiques. La déchéance, la Convention, le suffrage universel, ces trois points pouvaient être acceptés par tous.

La parole de Robespierre trouva dans les sections un écho immédiat. La section du Théâtre-Français prit, le lendemain, un arrêté pour effacer toute distinction entre les citoyens actifs et passifs et pour admettre ceux-ci à ses séances et dans la garde nationale. Les sections de la Croix-Rouge, de l’Observatoire, du Roi de Sicile et sans doute d’autres encore suivirent aussi le conseil de Robespierre. L’esprit égalitaire soufflait avec une telle force qu’il ne se passait pour ainsi dire pas de jour sans que des grenadiers ou des chasseurs de la garde nationale vinssent abjurer devant l’Assemblée leurs marques distinctives en déposant sur le bureau leurs bonnets à poil (ou oursons), leurs ceinturons et leurs épaulettes.

L’amivée des Fédérés marseillais était attendue avec impatience. Ils étaient à Charenton le 29 juillet. Barbaroux, Rebecqui, Pierre Baille accompagnés de Fournier, de Bourdon de l’Oise, de l’ancien marin breton Héron, ami de Marat, allèrent à leur rencontre. Après