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LES FÉDÉRÉS

exécutif national. » Îls entendaient par là l’autorité nouvelle qui remplacerait Louis XVI déchu. « Si l’Assemblée nationale n’a pas le droit de rendre la souveraineté au peuple, ajoutait un fédéré de la Drôme, le peuple le reprendra. » Des Fédérés la fièvre gagnait l’extrême gauche de l’Assemblée, d’autant plus facilement que les Fédérés siégeaient maintenant dans la salle où une grande tribune leur avait été réservée. Les futurs Montagnards, Choudieu, Duhem, Huguet, Chabot, Basire réclamaient la déchéance à chaque séance et ne se faisaient pas faute de dénoncer les lenteurs suspectes, « le système hermaphrodite » de la Gironde.

Les Fédérés s’impatientaient. Leur seconde pétition pour la déchéance présentée le 23 juillet n’ayant pas eu plus de succès que la première, ils songèrent à recourir sans plus tarder à l’insurrection. Déjà le tocsin avait retenti au clocher de Saint-Roch le 21 juillet. Le Comité central des Fédérés, trop nombreux, décida de constituer dans son sein un directoire secret, qui se réunit d’abord chez le Constituant Anthoine à la maison Duplay, tout près de Robespierre. Il n’y siégea au début : que 5 membres : Vaugeois, grand ami de Chabot et vicaire épiscopal de Blois comme lui, Debesse, fédéré de la Drôme, Guillaume, professeur à Caen, Simon de Strasbourg, ami de Robespierre, et Galissot de Langres. Dans la suite le Directoire s’affilia les journalistes Gorsas et Carra, le brasseur Santerre, l’agent de change Alexandre, commandant du bataillon de Saint-Marcel, Lazowski, capitaine des canonniers du même bataillon, l’ancien planteur Fournier l’Américain, l’ancien soldat Westermann, le boulanger Garin, grand ami de Marat, etc.

Il semble bien, si on en croit Carra, que le jour de