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LE DIX AOÛT

bataillons de Paris les pétitions qu’ils se proposaient d’adresser à l’Assemblée. Le même jour ils organisaient un Comité central formé, en principe, d’un fédéré par département. Billaud-Varenne et Robespierre ne se bor- nérent pas à rédiger leurs pétitions, mais il les mirent en garde dès le début contre les Girondins. On n’avait que trop négocié, disait Billaud-Varenne, le 15 juillet, il fallait en finir, ne pas se contenter de demi-mesures, reconduire le roi et sa famille immédiatement hors des frontières, renouveler tous les corps administratifs et les tribunaux, supprimer toute distinction entre citoyens actifs et citoyens passifs, mettre en arrestation Lafayette et Luckner, décharger de tout impôt quiconque n’aurait pas plus de 600 livres de revenu !

Robespierre rédigea la pétition que les Fédérés présentèrent à l’Assemblée le 18 juillet et qui porte, entre autres, les signatures de son jeune frère, de son correspondant de Strasbourg le journaliste Frédéric Simon, de Vaugeois du Loir-et-Cher, de Garet de la Haute-Saône, etc. On lisait dans le texte qu’il avait préparé : « Faites du pouvoir exécutif ce que le salut de l’État et la Constitution même exigent dans le cas où la nation est trahie par le pouvoir exécutif, » Cela voulait dire : prononcez la déchéance. Mais l’orateur des Fédérés, le Caennais Louis Caille, de peur de n’être pas assez bien compris, rejeta la périphrase : « Pères de la Patrie, dit-il, suspendez provisoirement le pouvoir exécutif dans la personne du roi ! »

Dans cette atmosphère enfiévrée les Fédérés haussaient le ton. Ceux de la Charente promettaient au club, le 12 juillet, de ne quitter Paris « qu’après que l’Assemblée nationale aura mis en activité le pouvoir