Page:Albert Mathiez - Le dix août - Hachette 1934.pdf/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE DIX AOÛT

fortifez votre conseil de personnes irréprochables, investissez-vous de la confiance publique, approchez de Votre Majesté quatre membres de l’Assemblée Constituante, sans qualité, sans émoluments, appelez le maire de Paris, le procureur général du Département, qu’ils participent à nos délibérations, qu’ils instruisent tous les citoyens de la manière dont nous travaillons. » Dejoly fut soutenu par le ministre des Contributions Beaulieu, mais combattu par le ministre de la Marine Dubouchage. « Le sacrifice de la liste civile était impossible. Le roy manquerait des premiers moyens. L’appel au Conseil de quatre membres de l’Assemblée Constituante contrarierait la Constitution. La présence de M. Petion et celle de M. Rœderer seraient impolitiques… » Dejoly n’était, en cette affaire, que l’instrument de Vergniaud qui lui remit, le 29 juillet, un mémoire dont il fit lecture au Conseil. Vergniaud y conseillait, en toutes lettres, de faire entrer au Conseil les quatre constituants, Camus, Tronchet, Fréteau et Rabaut de Saint-Étienne, et d’y adjoindre aussi Petion et Rœderer. Il ajoutait, comme pour répondre à l’objection de Dubouchage, qu’il avait sans doute connue par Dejoly : « Pas d’inconvénient à nommer le maire de Paris ; s’il refuse, le roi n’aura pas moins eu le mérite de le nommer. » Si les documents authentiques n’étaient pas là, on aurait peine à croire qu’un homme d’État de la réputation de Vergniaud se soit mépris à ce point qu’il ait cru sauver la Monarchie et empêcher l’insurrection au moyen d’expédients aussi pauvres. On comprend que Louis XVI les ait dédaigneusement écartés.

Mais, ce qu’il y a de plus étrange, c’est que, même après ce second refus, les chefs girondins persistèrent dans leur aveuglement et firent tous leurs efforts pour