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LES FÉDÉRÉS

« Si ce parti de régicides existe, s’il existe des hommes qui tendent à établir à présent la République sur les débris de la Constitution, le glaive de la loi doit frapper sur eux comme sur les amis actifs des deux Chambres et sur les contre-révolutionnaires de Coblentz. » Les Jacobins crurent que Vergniaud et Brissot avaient été achetés par la Cour.

Guadet proposa, le lendemain, un message au roi pour l’inviter une dernière fois à se rallier à la Nation en écartant de sa personne les ennemis de la Constitution. Appuyant Guadet, Brissot montrait qu’il fallait soumettre le monarque à une dernière épreuve avant de recourir aux moyens de rigueur, ménager ceux qui attachent au titre de roi une vertu magique qui préserve leurs propriétés, repousser le projet cher à Robespierre de convoquer les assemblées primaires. Délibérer devant l’ennemi était impossible ! Il n’était pas encore temps de déchirer la Constitution ! Écarter la déchéance comme périlleuse, écarter l’appel aux électeurs comme impossible, c’était permettre au roi de continuer son jeu dilatoire.

La gauche murmura de nouveau.

Les chefs girondins s’obstinèrent dans leur politique de suicide. Ils pouvaient compter sur Dejoly et Rœderer. Dejoly reprit auprès du roi le rôle auquel s’étaient déjà employés Boze et Thierry. Le 27 juillet, Dejoly déclara au roi qu’il était devenu l’objet de la haine publique. Il lui lut une injurieuse brochure, La Vente de la Ménagerie royale, où il était trainé dans la boue avec sa femme. Il lui demanda de renvoyer de sa Cour les prêtres réfractaires et les nobles, il le supplia de nommer des ministres agréables à l’Assemblée. « Faites mieux,