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LES FÉDÉRÉS

les hostilités ! Finalement Louis XVI refusa, une fois de plus, de sortir de Paris en disant qu’il aimait mieux s’exposer à tous les dangers que de risquer de donner le signal de la guerre civile.

De même qu’il avait repoussé les offres de protection des Feuillants, Louis XVI repoussa les avances que lui prodiguaient en même temps les Girondins, dont il méprisa les menaces.

Rœderer, qui a bien connu les chefs girondins — il fut lié d’amitié avec Vergniaud — et qui a été mêlé à leurs intrigues, a dit que les Girondins étaient peut-être plus royalistes que les Fayettistes. « Ils ne demandaient, dit-il, qu’un ministère dévoué à leurs principes. M. de Lafayette voulait de plus une Cour qui professät les principes constitutionnels et, pour cet effet, il voulait s’en rendre maître par la reconnaissance du roi envers lui et son parti. » Il y a beaucoup de vérité dans ce jugement en apparence paradoxal.

Dès que les ministres feuillants eurent donné leur démission, le 10 juillet, les chefs girondins firent des efforts inouïs pour obliger Louis XVI à leur donner comme successeurs des hommes pris dans leur propre parti.

Entre le 16 et le 18 juillet, ils lui firent parvenir, par le peintre Boze et le valet de chambre Thierry, un mémoire rédigé par Gensonné et signé aussi de Guadet et de Vergniaud, où ils lui disaient que sa couronne était en danger s’il ne changeait pas promptement de politique. Même si l’ennemi triomphait et rétablissait le roi dans son ancienne autorité, celle-ci serait toujours précaire et ne durerait qu’autant que l’occupation ennemie. Pour rétablir la confiance, Louis XVI devait déclarer solennellement qu’il n’accepterait en aucun cas d’augmentation de pou-