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LE DIX AOÛT

tution. Il rappela que si la Constituante avait ajourné cette revision après un intervalle de neuf ans, elle avait du moins consacré le principe qu’une nation a toujours « le droit imprescriptible de changer sa Constitution quand il lui plaît ». Il conseillait à la municipalité de réunir les citoyens actifs et de leur faire émettre le vœu que la Constitution fût revisée et qu’en attendant les décrets de circonstance fussent exécutés sur-le-champ. Barbaroux n’était ici que l’écho de ses amis de Paris, de Robespierre, qu’il avait fréquenté dès son arrivée, aussi bien que de Brissot et de Roland qu’il avait vus ensuite,

Mais Barbaroux recommandait encore à ses concitoyens un autre moyen d’action qu’il jugeait sans doute plus efficace que le pétitionnement. « Il faut désespérer, disait-il, que la Cour change de système si nous ne lui donnons un plus grand effroi que ne peut lui inspirer l’insurrection des faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marceau… Il faut effrayer tout de bon le pouvoir exécutif ou se soumettre à être égorgé par lui, au nom et dans les formes de la Constitution. Or, pour l’effrayer, le moyen le plus court est d’exécuter spontanément le décret sur la formation d’un camp de gardes nationales auprès de Paris, en formant le nombre de ces citoyens-soldats beaucoup plus haut qu’il n’est indiqué par le même décret. Marseille pourrait fournir 600 hommes. » Le conseil de Barbaroux tombait sur un terrain préparé. Avant même d’avoir reçu sa lettre, le club de Marseille avait demandé à la municipalité d’ouvrir un registre pour inscrire les volontaires destinés à la Fédération. Le 21 juin, le médecin Mireur, de la ville de Montpellier, y avait prononcé un brûlant discours contre Louis XVI : « Comme tu te fais un métier de trahir tes serments, nous te déclarons encore