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LE DIX AOÛT

tions départementales qui avaient protesté contre le 20 juin étaient au nombre de 33 sur 83. Si on songe que les administrations départementales qui avaient pris des arrêtés, d’ailleurs illégaux, pour interner les prêtres réfractaires étaient au nombre de 47, on aura ainsi à peu de chose près la carte politique du pays légal à ce moment décisif.

Les royalistes purs, qui ne voulaient pas plus de Lafayette que des Jacobins, s’agitaient sourdement. Le marquis de La Rouërie jetait les bases dans l’Ouest d’une grande association secrète destinée à encadrer pour un soulèvement les principaux hobereaux qui n’avaient pas émigré. Dans le Dauphiné et la Provence, un noble de La Mure du nom de Monnier de la Quarrée enrôlait les anciens nobles et magistrats, les abbés, les officiers de l’armée pour un coup de main qu’il dut ajourner quand fut découvert dans l’Ardèche le complot du colonel De Saillans. Celui-ci à la tête de plusieurs milliers d’hommes, prit les armes au début du mois de juillet, s’empara du château de Banne où il finit par être cerné par les forces appelées du Gard et de l’Ardèche. Les papiers saisis après sa mort prouvèrent qu’il était un agent des princes et qu’il avait eu de nombreux complices dans la région.

Dans les Côtes-du-Nord, les paysans s’étaient attrou- pés en juin et en juillet pour s’opposer au départ de leurs prêtres internés au chef-lieu du département. Dans le Finistère, des attroupements du même genre donnaient lieu à des petites insurrections, les 8 et 9 juillet. Dans la Loire-Inférieure, on était obligé de réprimer une petite révolte à Saint-Joachim-la-Trêve le 2 juin. Les prêtres réfractaires se cachaient et il devenait impossible de