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LA PATRIE EN DANGER

contre Louis le Faux et le Tartuffe couronné. Une telle campagne devait affoler tous ceux qui avaient gagné quelque chose à la Révolution et qui craignaient de le perdre si l’ennemi triomphait.

L’Assemblée, sous l’éperon des Girondins, ordonna la formation d’une Commission extraordinaire des Douze qui allait mener une dure vie aux nouveaux ministres, chaque jour sommés de paraîre à la barre pour rendre compte de leurs opérations.

Par Petion, compatriote et ami de Brissot, ils tenaient la mairie de la capitale. Par le brasseur Santerre, très populaire au faubourg Saint-Antoine, par d’obscurs agitateurs stipendiés comme Gonchon et Fourcade, ils croyaient avoir dans leur main les artisans et ouvriers des quartiers de l’Est. Le 20 juin, jour anniversaire de la journée du Jeu de Paume et de la fuite à Varennes, sous prétexte d’aller planter un arbre de la Liberté aux Tuileries, les faubourgs s’ébranlèrent en armes, envahirent le Manège, puis le Château privé de sa garde constitutionnelle, pénétrèrent avec violence dans les appartements du roi, lui réclamèrent avec menaces et injures la levée du veto et le rappel des ministres patriotes. Mais le roi, par son courage tranquille et sa grosse bonhomie, résista à tous les assauts. Il refusa de revenir sur son veto, coiffa le bonnet rouge et but à la Nation. L’événement tournait à la confusion de ses auteurs. L’intimidation avait fait long feu.

Les juges de paix, appelés à la requête de Louis XVI, s’installèrent au Château, commencèrent une enquête sur les violences commises et lancèrent des mandats d’arrêt. Le département suspendit le maire Petion et le procureur de la commune Manuel pour leur