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CHAPITRE II
LA PATRIE EN DANGER


Personne ne considéra le renvoi des ministres et le veto sur les décrets de défense nationale comme de simples incidents de politique intérieure.

L’Assemblée vota, à une grande majorité, que les ministres renvoyés emportaient les regrets de la nation. Le soir même, Robespierre se rendit aux Jacobins pour se réconcilier avec les Girondins, à la condition cependant qu’ils n’essaieraient pas de transformer la Législative en Constituante pour réformer la Constitution. Il trouvait déjà que la Législative était trop divisée et trop timide pour faire œuvre utile et il songeait, comme après Varennes, à un appel aux électeurs pour sauver le pays à la fois de la trahison royale et de l’impuissance parlementaire.

Fiévreusement, les Brissotins combinèrent leurs mesures pour forcer le roi à reprendre leurs amis, les ministres disgraciés. Leur presse haussait le ton de ses attaques contre une Cour perfide, siège du Comité autrichien. Gorsas, dans son Courrier, proclamait que « Louis de Varennes » avait levé le masque, que cet homme « deux fois parjure » voulait absolument la Contre-Révolution. Les Révolutions de Paris tonnèrent