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LE VETO

avait été son idole et dont le programme royaliste constitutionnel lui semblait une garantie d’ordre.

La Gironde n’épargna rien pour retenir le général, mais en vain. Après les premiers revers, qu’il imputa aux ordres d’offensive qu’il avait reçus, Lafayette, ligué avec Luckner et Rochambeau, refusa de marcher en avant. De Metz, il signifia aux ministres ses exigences : « C’était, dit-il, une espèce de traité qu’il proposait au gouvernement et par lequel celui-ci devait s’engager à faire respecter les lois, la dignité royale, les autorités constituées, la liberté religieuse, etc. » Au lieu de destituer le général factieux, les Girondins s’abaissèrent à négocier avec lui et, pour lui donner des gages, ouvrirent des poursuites contre Marat qui, perspicace, l’avait accusé de trahison. Mais Lafayette, encouragé par les Feuillants, ne voulut rien entendre. Il se réconcilia avec la faction des Lameth, donna des commandements à Charles et à Alexandre et prit Adrien Duport comme conseiller. Après une entrevue qu’il eut, le 12 mai, à Givet, avec Adrien Duport et Beaumetz, il se décida à imposer sa médiation aux belligérants pour faire la paix aux dépens des Jacobins.

Il dépêcha à Bruxelles auprès de l’ex-ambassadeur d’Autriche à Paris, Mercy-Argenteau, un homme à lui, l’ex-jésuite Lambinet qui, au dire de Mercy lui-même, lui déclara au nom du général : « Si l’intention du roi apostolique n’est pas de détruire en entier la Constitution, de faire directement la guerre à cette Constitution et de dicter la loi à la nation française en ce qui regarde ses arrangements intérieurs, alors lui, Lafayette, d’accord avec M. de Rochambeau, porteraient toutes leurs vues et leurs efforts contre le parti factieux qui désole la France, ils s’occuperaient uniquement des moyens de rétablir l’auto-