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L’INSURRECTION

quai afin de le protéger contre les bataillons de l’ile Saint-Louis, de Saint-Etienne-du-Mont et des Thermes-de-Julien, qui s’étaient montrés hostiles à la déchéance ; à sa droite, un autre bataillon également avec deux canons prendrait par les boulevards pour surveiller les deux sections royalistes des Petits-Pères et des Filles Saint-Thomas ; au centre enfin, avec son bataillon des Quinze-Vingts et celui de Sainte-Marguerite, il s’avancerait par la rue Saint-Antoine jusqu’à la place de Grève et de là au Louvre par les rues Saint-Honoré et de Chartres jusqu’au Carrousel. Santerre était déjà en route quand il apprit sa nomination en remplacement de Mandat. Il dut monter à l’Hôtel de Ville, ce qui retarda encore sa marche, et passer le commandement à Alexandre qui conduisit la colonne du centre au Carrousel où elle n’arriva que vers 9 heures. Beaucoup de sections, sans se soucier des plans de Santerre, avaient envoyé directement leurs forces armées sur le château. Telle la section de Bonne-Nouvelle qui avait mis en marche son bataillon fort de 500 à 600 hommes vers trois heures du matin pour rejoindre le bataillon de Saint-Jacques-la-Boucherie.

Le château était précédé de trois cours inégales séparées par des murs et des constructions : au centre, la cour royale, la plus vaste, qui aboutissait au pavillon de l’Horloge où on entrait par un vestibule et un grand escalier ; à droite, du côté de la rue Saint-Honoré, la petite cour des Suisses qui communiquait par des passages le long des hôtels de La Villière et de Brionne avec la cour de Marsan et le petit Carrousel ; à gauche, du côté de la Seine, la cour des Princes sur laquelle donnait la galerie du Louvre La place du Carrousel était beaucoup plus petite que de nos jours et occupée par