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L’INSURRECTION

ne dépendait pas du roi mais du maire. Soyons sûrs que, de toute façon, les commissaires des sections l’auraient destitué avant l’action, d’après l’exemple que leur avaient donné les sections soulevées en révoquant leurs états-majors.

Le plan d’attaque avait été arrêté, dans la soirée du 9 août, au cours de deux entretiens que Santerre eut avec Alexandre et Westermann d’abord, avec Westermann et Rossignol ensuite. Les sections de la rive gauche commandées par Alexandre devaient faire leur jonction au Carrousel avec les sections de la rive droite commandées par Santerre. Alexandre fut prêt le premier. Il conduisit le bataillon de Saint-Marcel auquel s’étaient incorporés les Fédérés brestois à la caserne des Marseillais et les deux bataillons descendirent la rue Dauphine vers le Pont-Neuf. Mais le pont était occupé par le bataillon de Henri-IV commandé par Robert, un des fidèles de Mandat. Robert avait fait braquer les canons de son bataillon et les pièces du parc d’artillerie sur toutes les rues adjacentes. Déjà, vers minuit, quand une délégation de Mauconseil était venue lui demander de faire tirer le canon d’alarme, dont il avait la garde, Robert avait refusé et fait arrêter toute la délégation qu’il ne remit en liberté que sur un ordre de la Commune légale. Le commandant des Marseillais avertit l’Hôtel de Ville. La Commune légale, pressée par le procureur Manuel, intervint. Elle donna l’ordre à Robert de retirer les canons qu’il avait mis en batterie. L’ordre lui fut apporté par Osselin, Hue et Baudouin. Robert obéit. Le jour pointait. La troupe d’Alexandre et les Marseillais se présentèrent et passèrent sans encombre. Ils arrivèrent au Carrousel un peu après six heures du matin. La gendarmerie