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L’INSURRECTION

d’attroupement qui marcherait pour se porter au château, tant avec la garde nationale qu’avec la gendarmerie soit à pied, soit à cheval, en l’attaquant par dernière.

Le commandant général Mandat. »

« C’est une infamie, c’est un prodige de lâcheté et de perfidie », s’écrie-t-on de toutes parts. Mandat déjà destitué est, cette fois, décrété d’arrestation et enfermé ensuite dans la prison de la Maison Commune.

Mais cette mesure provoque sur-le-champ un conflit avec l’autorité légale. Le conseil général de la Commune avertit les commissaires qu’ils n’ont pas le droit d’ordonner des arrestations, que les juges de paix seuls ont le pouvoir de le faire. En réponse les commissaires déclarent que le peuple en insurrection leur a confié tous ses pouvoirs, qu’ils portent en eux par conséquent toute l’autorité, que les pouvoirs anciens doivent disparaître devant la souveraineté qui leur est déléguée. Les commissaires, en conséquence, suspendent le conseil général de la Commune et s’emparent de sa salle. De l’ancienne municipalité ils ne laissent subsister que le maire, le procureur de la Commune et les 10 administrateurs de police. Le conseil légal se dispersa sans résistance en se bornant à aviser l’Assemblée qui ne prit aucune décision. Un des premiers actes du conseil révolutionnaire fut d’ordonner le transfert de Mandat de la prison de la Maison Commune à la prison de l’Abbaye. Au cours du transfert, le malheureux Mandat fut abattu d’un coup de feu sur les marches de l’Hôtel de Ville. Il pouvait être sept heures du matin. L’affaire de Mandat eut pour conséquence indirecte de rendre Petion quelque peu suspect aux commissaires. Mandat avait affirmé avec