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L’INSURRECTION

s’était rendu à l’Assemblée qui venait de se réunir au bruit du tocsin. Il dit à quelques députés que Petion courait le risque d’être assassiné si l’Assemblée ne l’appelait pas à sa barre. Aussitôt, sur la motion de Basire et de Letourneur votée sans débat, un huissier de l’Assemblée accompagné de gendarmes alla chercher Petion. Il quitta le jardin des Tuileries avec soulagement, persuadé qu’on avait voulu le retenir en otage au château.

La Commune légale, avertie par les administrateurs de police, fut convaincue que Mandat était responsable de l’incident, car c’était Mandat qui avait convoqué Petion au château. À son tour elle convoqua Mandat à sa séance. « Mandat répondit, d’après Dejoly, que son poste était au château, qu’il se rendrait à la Commune après qu’il aurait déposé son commandement. » Mais un second ordre arriva vers cinq heures du matin et détermina son départ. Il laissa le commandement à son collègue La Chesnaye, chef d’une légion. À l’Hôtel de Ville, Mandat fut d’abord interrogé par le conseil général de la Commune qui ne vit rien de répréhensible dans sa conduite, si nous en croyons Mortimer-Ternaux qui eut entre ses mains des procès-verbaux aujourd’hui disparus. Mais « les commissaires de la majorité des sections réunis » le firent à leur tour comparaître devant eux. Huguenin, qui les préside, demande à Mandat en vertu de quel ordre il a doublé la garde du château. Il répond que c’est par ordre du maire. Huguenin insiste : « M. le maire n’a point donné cet ordre. — C’est une réquisition générale que j’ai présentée au Département. Si un commandant général ne peut pas prendre des précautions subites pour un événement imprévu, il n’est pas possible de commander. » Mandat disait vrai. Par sa